Eu vent du nord [Arkal]

La nouvelle chef du clan en avait parlé à tous les membres de son clan. Ils comprenaient tous que la situation avait changé, que même au sein de leur propre peuple; ils n'étaient plus en sécurité. Kar semblait avoir compris les raisons de cette attaque meurtrière. Les villages bordant leurs frontière imaginaires ne rapportaient plus rien, il fallait aller de plus en plus loin.

Le village troglodyte des Dunderas devait éveiller les convoitises. Les raids menés par le clan étaient plus bénéfiques et moins dangereux. Alors il était logique, quelque part, que la forge -ainsi appelaient ils leur village- suscitait la jalousie, et surtout, encore une fois; les convoitises. En effet, la forge disposait d'un stock régulier en minerais, précieux, semi-précieux ou basiques.

Ainsi, elle avait envoyé une lettre à la capitale d'Altera...

Lettre au Royaume d'Altera:

Cela faisait maintenant un mois, plus ou moins, que la lettre avait été envoyée. L'émissaire que la jeune femme avait désigné n'était toujours pas revenu. Elle pensait que c'était normal au vue du trajet, des dangers le jonchant. De plus, elle n'excluait l'éventualité qu'il ait été arrêté des son arrivée à la "ville". Il ne leur restait plus qu'à patienter.

En attendant, la jeune femme avait reçu un autre individu, et ses suivants. Un rebelle. Elle ne savait trop quoi penser de ce dernier, c'était encore trop frais dans son esprit pour avoir suffisamment de recul. La Dunderas avait l'étrange impression que le mot avait été passé : les Dunderas sont diminués.

Ce jour, Kar se tenait derrière le parapet d'une des maisons troglodyte, et observait au loin; la où le ciel bleu rejoignait la terre. Elle se demandait quand reviendrait son messager, vif... ou mort.

Pas spécialement ravi de la mission qu’on lui avait confiée, Arkal allait néanmoins tout faire pour la mener à bien. C’était ça être un soldat du Royaume, encore plus un Capitaine. Et il savait également que plus ses résultats seraient fameux, plus il aurait de chances d’être enfin jugé à sa juste valeur. Il n’avait qu’une hâte : faire oublier ce soi-disant handicap qu’était son œil borgne.

Sa mission était quelque-chose de diplomatique. Nombre de Capitaines devaient d’ores et déjà être envoyés à l’extérieur d’Alteran ou même d’autres villes importantes pour qu’on ait demandé à celui qui était réputé pour être l’escrimeur fou d’Altera de parlementer avec une Mordrak. Surtout que les Mordraks, il ne les portait pas dans son cœur. Mais ça, c’était un faux argument car Arkal pouvait en redire sur chaque peuple… même le sien.

Une nouvelle fois, il marcha vers les terres du Nord. En réalité, c’était plutôt une chevauchée car en ses qualités de Capitaine, le Royaume d’Altera lui mettait toujours un cheval à disposition. Ce fut d’ailleurs à l’un des rares camps proches des frontières du Nord qu’il laissa sa monture, avant de pénétrer une bonne fois pour toutes dans les terres des Mordraks. Il en avait déjà livré des combats, et savait à quel point le froid pouvait le gêner. Il s’était donc vêtu d’une fourrure par-dessus ses vêtements habituels.

Il ne tarda pas à arriver au point de rendez-vous, plutôt facile à repérer vu sa proximité avec un des certes nombreux lacs gelés. Là-bas, une femme l’attendait, et la prestance qu’elle dégageait ne laissait guère le doute quant à son identité.

Kar Dunderas ? Arkal, j’suis un Capitaine du Royaume et c’est moi qu’on a envoyé pour papoter avec vous.

Loin des plus beaux discours que les émissaires d’Alteran pourraient donner, Arkal avait tout de même réussi à aligner une phrase plutôt politiquement correcte, ce qui n’arrivait pas tous les jours…

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