J'étais tranquillement assis sur ma fourrure d'ours. Un feu de camp en face de moi, je faisais cuir ma viande fraîchement chassée tandis que je mangeais déjà un morceau de cuisse grillée. J'arrachais la chair du bout de mes dents tel un ogre affamé. Un bruit heurta mon attention. Lorsque je dirigeai mon visage vers ce-dernier, je vis un caillou rouler à terre. Lorsque j'observai qui était à l'origine de cette effraction, je vis un homme. De toute évidence, il n'était pas un ennemi. Mais toute personne pénétrant ce lieu est considéré comme telle. Je me levai afin de lui faire part de mon gabarit largement supérieure au sien tandis que d'un regard haineux emplit de rage. Mes pas lourd faisant trembler la caverne, je me dirigeai vers lui. L'individu recula de quelques pas, il semblait apeuré par ce qui se déroulait devant lui. Avec ma voix grave et menaçante, je pris la parole en premier.

« Qui es-tu étranger ?! »

Ses yeux s'écarquillaient tant la puissance de ma voix faisait trembler les murs. Je continuai de m'approcher de lui, il fallait que je sache de quoi il retourne.

« Je... Viens de la part de Urgok... »
«  Et qui est cet homme qui n'ose venir à ma rencontre ?! » Dis-je, coupant l'innocent dans son élan.
« Il... Il a envoyé d'autres messagers. Il ne peut... Se déplacer pour voir autant de Mordrak. »
« Pourquoi souhaites t-il me voir ? Tu as cinq secondes ! »
« Heuuu... »
« 5... »
« Il souhaiterait... »
« 4... »
« Vous voir pour faire une... »
« 3... »
« Une alliance... »
« HA HA HA HA HA HA ! » Ricanai-je.

Je m'époumonais tant cette situation était dérisoire et nourri par le ridicule ! Une alliance ? Avec moi ? Il ne manque pas d'air. J'étais tellement surprit, que cela pouvait presque apaiser la tension que j'avais au niveau des tempes. Aussi, je pris les horaires et lieu de rencontre.

« Où et quand ? »
« Lac gelée, à l'aube. »
« Ha ha ha... J'y serais. »

Les frissons se dessinaient déjà sur mes bras gravé de cicatrices prouvant mes nombreuses batailles. Imaginant sans cesse à quoi ressemblerait cette rencontre, je vis le garçonnet se diriger vers la sortie. Il n'en était pas question. Rapidement, j'arrivais à ses côtés, et le pris par le bras avec une certaine force, dont la pression fit craquer son poignet. Son hurlement me fit chavirer. D'un geste vif, je le lançai à côté du feu de camp. Il roula sur le côté tout en se tenant le membre blessé. Un sourire aux lèvres, je préférai le prévenir.

« Il n'est pas question que je te laisse partir sans te faire payer. Personne n'entre dans cet antre, et si quelqu'un à quelque chose à me dire, qu'il se déplace lui même ! »

Ma main vint saisir son col au niveau de sa gorge tandis que mon autre poing vint lui fracasser le visage à de nombreuses reprises, jusqu'à ce qu'il soit prit dans l'étreinte de son inconscience. Le sang avait giclé à flot, et je pouvais à présent aller au point de rendez-vous après ces quelques préparatifs.

Un sac. C'était tout ce dont j'avais besoin. J'enfilais le corps inconscient – mais vivant – dedans, tout en laissant dépasser la tête ensanglantée. Il était temps de partir, et c'est avec cet homme dans le sac, que j'allais à la rencontre du Mordrak.

En quelques minutes, j'étais sur place. Je voyais déjà le visage bleu de ma victime : était-ce le froid ou les hématomes ? Quoi qu'il en soit, j'entendais une voix derrière moi. Je me retournai, et je voyais enfin l'individu qui n'avait oser se déplacer. Etais-je bien Tyr ? Une question qui me fit lever un cil tandis que j'ignorais la question et écoutai la suite.

« Je suis bien Tyr. » Dis-je froidement. « Et ton compagnon est effectivement venu me voir et m'a parlé brièvement d'une alliance. »

Mon bras droit avait saisit le sac, et je le lançai au pied de mon interlocuteur.

« Saches à l'avenir, que la prochaine fois que tu souhaites me parler – toi ou quiconque – devra se déplacer en personne. Je ne parle pas aux sous-fifres. » Je soupirais d'énervement avant de reprendre. « Maintenant parle, Urgok. Je ne me suis pas déplacé pour rien ! »

Les hostilités avaient commencées tandis que j’avais pris soin de lui renvoyer son acolyte. Son discours était rempli de rêve. Des guerres, donner des ordres, massacrer des ennemis. Pourtant, il était loin de s’imaginer à quel point il était dans l’erreur. Et ce, dès le début de ses paroles, sans même qu’il ne s’en rende compte… Heureusement, ma bonté naturelle lui rappela à quel point il avait faux sur toute la ligne.

« Tu ne te déplaces que pour les personnes de renom alors. Ha ha ha… » Ironisai-je la situation tant je la trouvais lamentable. « Laisses-moi te dire une bonne chose, Urgok… Si j’avais voulu que tu me connaisses… Si j’avais ne serait-ce que voulu te connaître aussi… Cela aurait déjà été fait. Je renie les miens, je renie les êtres vivants… Et je vous hais tous. Je suis né pour être seul. Je vis pour semer le chaos en me débrouillant par moi-même. »

Après tout, je m’entendais très mal avec l’ensemble de la population, qu’elle soit Mordrak ou autres. Je n’étais pas fait pour vivre en communauté. L’ayant su dès mon plus jeune âge, cela m’a obligé à m’exilé tel un ermite dans la caverne où j’avais élu domicile. Me proposer de faire partie de son alliance, était égal à vouloir que celle-ci implose ! Il n’en était cependant pas encore conscient puisque… Comme il l’avait si bien dit, je n’étais pas quelqu’un de relativement connu…

« Tu es inconscient, Urgok. Tu souhaites quelqu’un que tu ne connais pas, rejoindre ton alliance en vendant du rêve. Cela ne marche pas avec moi. Je ne suis pas fait pour vivre en communauté. Et très franchement, si je venais par miracle à accepter ta misérable offre, cela ne serait qu’une bombe à retardement. » Je désignais la trace au sol où gisait jadis son messager sévèrement blessé. « Tu n’as qu’à observer ton homme. Il baignait dans son propre sang. »

Je tournai le dos, inclinant ma tête afin de l’avoir légèrement dans mon champ de vision après avoir effectué quelques pas, comme pour signaler la fin de la conversation. Je pense que nous avions fait le tour, et s’il n’avait rien d’autre à me dire qui pouvait justement me faire changer d’avis, alors j’étais prêt à négocier. Pour le moment, les termes de l’alliance étant trop flou, et n’allant pas du tout à mon avantage, je ne pouvais que décliner l’offre de ce Mordrak inconscient !

« Ce que tu m’as dit jusqu’ici est loin de m’intéresser. Certains seraient mort pour m’avoir dérangé pour des banalités pareilles. Toutefois… » Dis-je laissant un léger silence en guise de suspens. « Si tu trouves de quoi animer ma curiosité, je serais enclin à réfléchir à ta proposition. » Je me retournai, fronçant les sourcils. « Pour l’instant, vous pouvez tous aller vous faire foutre… »