Les jardins du Palais. Ils étaient grands, verdoyants, lumineux et colorés par de nombreuses variétés de fleurs exotiques. On pouvait aller s'y promener tranquillement, seul ou accompagné. Ou alors simplement s'y reposer en se posant sur l'un des bancs ou au bord d'une fontaine. Divers endroits de ces immenses jardins étaient aménagés de sorte à remplir la fonction de salons. Des salons de jardin, appelons ça comme on veut. Ils avaient la particularité de servir aux rites de rencontres et de conversations entres nobles, riches et gens aisés. D'autres venaient y prendre le thé en y dégustant des pâtisseries amariennes. On pouvait tant faire en ces lieux. Que vous soyez dans un endroit seul ou qu'il y ait du monde avec vous jamais le calme ne s'y brisait.

Je me trouvais moi même dans un de ces salons de jardin, assise avec deux de mes servantes. Deux jeunes initiées qui poursuivaient leur apprentissage de la religion. C'était un de nos moments de détentes. Elles étaient habillées en orange pour honorer le dieu Sol. Les teintes oranges étaient souvent liées au culte du dieu du Soleil chez les armariens. Pour ma part j'étais vêtue comme habituellement de tissus turquoises, avec une légère touche de rouge. Et je revêtais mes multiples bracelets et colliers de minéraux : turquoise, jaspe rouge, et cristal.

Nous étions assises sur de petits coussins, cachées du soleil par un toit végétal. Les jardiniers du Palais avaient du savoir-faire. Chacune avec notre tasse de thé au jasmin et quelques pâtisseries apportées par les servants du Palais nous apprécions ce calme en discutant un peu entre nous. Quelqu'un vint cependant déranger cela. Il se présentait comme venant d'une famille riche et à privilèges.

" Grande Prêtresse Viti... (il fit la révérence) Je vous suis reconnaissant pour le bien que vous avez apporté à ma famille. "

Je commençais à resituer les choses petit à petit. Cet homme était le jeune fils d'un riche marchand de tissus qui avait sombré dans le vice de la drogue quatre mois plus tôt. Sa famille était alors venue demander l'aide de la Grande Prêtresse. L'homme avait été accueilli dans un temple dédié à la déesse de la Santé. Et de là par de multiples rites, et l'aide des soeurs et des dieux il avait pu se soigner. Je le saluais à mon tour en souriant. Les jardins me détendaient le visage. Il reprit.

" Grâce à vous mon père va mieux. Mille merci ! Veuillez accepter ce cadeau de ma part. "
- Je vous en prie ce n'est pas nécessaire... "

Mais il fit signe à quelqu'un de venir et deux esclaves arrivèrent qui portaient un tapis. Ils le déroulèrent devant moi, affichant ses motifs et ses couleurs dans les tons bleus et turquoises.

" Nous avons conçu ce tapis spécialement pour vous Prêtresse Bleue. Acceptez le en guise de remerciement "

Je me levais doucement et marchais vers lui. Enfin à sa hauteur j'apposais ma main sur son front pour lui signifier mon remerciement.

" C'est très aimable à vous. Mais il ne fallait pas vous savez.
- Ma famille vous remercie !
- J'accepte donc ce tapis puisque je n'ai pas le choix (souriais-je), que votre père continue de bien se porter.
- J'y veille. Mes servants iront livrer le tapis à votre demeure si cela ne vous dérange pas.
- Cela ne me dérange pas. "

L'homme fit signe à ses deux esclaves de déguerpir avec le tapis. Ils l'enroulèrent à nouveau et l'emportèrent avec eux en y faisant attention comme à la prunelle de leurs yeux.

" Très bien. Bon thé à vous.Longue vie à la Prêtresse Bleue.
- Portez-vous bien.

Il quitta les lieux et je retournais m'asseoir avec Kiama et Lashiti. Je me reservais du thé pour réchauffer le contenu de ma tasse et ainsi la journée continuait. Peut-être serions-nous à nouveau dérangées. Ce n'était pas simple d'être la Grande Prêtresse pour passer incognito. Les lieux de ma présence semblaient faire l'objet de rumeurs assez rapidement.