La forêt enneigée… L’endroit où j’avais élu domicile depuis des années et des années maintenant, loin de ces sales races tous plus hypocrites les unes que les autres. Je vivais dans une grotte. Une grotte cinq étoiles. Je n’étais pas du genre à être à cheval sur le confort. Toutefois, il fallait avouer que j’avais fait en sorte que cette caverne soit un véritable lieu où il fait bon vivre. En tout cas, cela ne concernait que moi. Personne ne devait se permettre de mettre les pieds ici. Un jour, j’avais croisé un Velden. Un simple civil perdu dans des contrées lointaines. J’étais parti chasser, et lors de mon retour, je le vis sur ma fourrure en train de regarder où il pourrait trouver de quoi se nourrir. Ma colère fut divine ! Lui qui cherchait de quoi se restaurer, finit dans mon assiette : ironie du sort. Lorsque nous vivons seuls, lorsque nous sommes un ermite Mordrak, nous devons trouver de quoi se remplir l’estomac, et autant avouer que tout est bon à prendre. Tout peut être riche en protéine, en graisse…

Il fut dépecé, et rôti sur la broche que je m’étais confectionnée. Le feu était une denrée rare dans cette forêt. Nous devions nous débrouiller pour faire la moindre étincelle et permettre de se chauffer. J’étais devenu un expert en la matière : l’exil est une source d’apprentissage inestimable ! Et toutes ces années ont façonnées une nouvelle image de moi : une image plus bestiale, plus sauvage ! Si sauvage que je ne reconnaissais plus le bien du mal. Je ne pensais qu’à défendre ce qui m’appartenait – ou du moins, ce que je pensais être à moi.

Il était temps de chasser une nouvelle fois. Une fourrure sur moi pour me tenir chaud, je saisis mon long couteau pour fendre la peau des animaux dont l’épiderme est solide, tandis que je sorti de ma caverne. Le soleil était à son zénith et m’éblouissait. Je n’aimais pas cela non plus. En hauteur, je pouvais distinguer l’ensemble de la forêt enneigée. Elle était majestueuse : elle pouvait être considérée comme une merveille du monde. Et elle était à moi ! L’ensemble de cette forêt était ma maison et je la connaissais comme ma poche.

Alors que je marchais lentement, provoquant un léger craquement dans la neige suite à mes pas, le tout camouflé par cette fraîche brise qui commençait à se transformer en un vent plus violent, je vis de la bonne viande. Au point où j’en étais, je ne savais plus quel était le nom de l’animal. Je ne voyais qu’un morceau de viande qui allait pouvoir me faire vivre encore quelque temps. Je saisis mon couteau dont le bruit métallique de la lame sortant de son étui attira l’attention du gibier. Je m’arrêtai et observai l’animal. Il reprit sa marche nonchalante en direction d’un endroit où s’abriter. Mais il était déjà trop tard. A peine me tournait-il le dos, que je me projetai sur lui tout en lui enfonçant ma lame au creux de son crâne. Le sang s’étala sur la neige, laissant la trace de mon passage.

Fidèle à moi-même, je mis mon index dans la blessure de ma victime, et grâce à son sang, je dessinai le symbole Mordrak sur l’arbre près duquel il perdit la vie… Je le pris par les pattes arrière… Il était temps de rentrer pour manger, laissant une longue trainée derrière moi… Un sourire aux lèvres, je jouissais de cette journée qui commençait si bien !