Les terres Élysiennes.

Hariaëlle avait longtemps hésité à venir y mettre les pieds. La raison était obscure, cachée, et la petite elle-même avait du mal à comprendre cette hésitation. Il s'agissait là des terres de ces ancêtres, après tout. Peut-être craignait-elle de ne plus vouloir les quitter ? Abandonner sa vie d'aventurière lui semblait un sacrifice énorme... Que, elle l'avait décidé, elle ne ferait jamais. Même les plus belles merveilles du onde ne la clouerait pas au même endroit indéfiniment. La demoiselle avait donc choisit d'aller explorer un peu la célèbre région, prête à tout.

Elle y découvrit des paysages d'une grande beauté, une température clémente et des habitants adorables. Des animaux et des plantes inconnues, n'attendant qu'à être découvertes de ces prunelles dorées, foisonnaient dans tous les coins. Découvrir une nouvelle région était toujours une expérience extraordinaire pour la descendante des déchues, et elle avait toujours un peu de mal à cacher sa joie. Elle avait finit par dormir quelques jours dans un village tout près du célèbre volcan contenant la cité d'Eden, dissimulant toujours ses ailes à l'aide d'une illusion de base. Simple précaution.

En ce bel après midi, la Blanche était étendue dans l'herbe, à quelques kilomètres du village, près d'un champ de fleurs qu'elle avait entreprit d'étudier. Elle était visiblement en pause. Son regard était fixé sur les parois du volcan, sa tête inclinée trahissant sa curiosité. Au fil de son exploration, elle en avait apprit beaucoup sur la capitale, sans jamais vraiment oser y aller. Elle n'avait jamais mis les pieds dans une quelconque ville de cette ampleur, par simple... Crainte ? Réticence ? Trop d'âmes au même endroit. Pourtant... Hariaëlle avait entendu parlé des Élysiens qui y habitaient. De leur longévité, source de savoir. Du Conseil, les Six. La protectrice du Savoir, aussi... Un soupire lui échappa. Pas la peine de rêver. Comme si un être d'une telle importance allait lui livrer le moindre secret...

La jeune femme ferma les yeux et se laissa soudain tomber sur le dos, fixant les nuages défiler paresseusement. Y aller serait une idée. Ne serait-ce que pour consulter les bibliothèques.

Soudain, tranchant avec le chant de la nature, un bruit de pas. La demoiselle se redressa lentement, déplaçant la tête vers la source du son incongru. Ce manque de vitesse n'était aucunement dut à un manque de méfiance : simplement, vu comme elle détonnait avec le reste du paysage, ses habits et sa chevelure de neige contrastant avec la verdure ambiante, elle préférait éviter d'attirer encore plus l'attention à l'aide de mouvements brusques. Simple précaution.

Un conseil avait bientôt lieu et comme à son habitude Zekel venait se recueillir dans les Grandes Plaines afin de demander conseil auprès de son défunt Maitre. Peu connaissait cette Zone, encore moins les habitants de la Capitale, une occasion pour lui de faire le vide et se concentrer uniquement sur le prochain Conseil.
S’approchant de l’endroit où la verdure était resplendissante, il avait pour habitude de s’étendre dans l’herbe ainsi de regarder le ciel. Il disait pouvoir communiquer avec son Maitre, Belisama ça précédente au Conseil des Six. Une femme d’une grande renommée et aussi très brillante. Zekel la portait et la portera toujours dans son cœur.

Alors qu’il marchait en regardant le ciel, une chose attira son regard, il sentait qu’il n’était pas seul, puis aperçu les cheveux de cette personne. Étant les mains dans les poches de son manteau, si l’individu en question voulait l’attaquer, il l’aurait surement déjà fait, conclusion la personne cachée était quelqu’un de soit plutôt timide, ou qui voulait vraiment se cacher.

*Un criminel m’aurait déjà attaqué dans la situation actuelle, je ne suis pas en garde et il aurait eu l’avantage d’un effet de surprise, dans ce cas il me reste que quelques options, soit une personne qui m’admire, mais je n’ai vraiment rien d’admirable. Ce qui me laisse la troisième option, cette personne est toute aussi surprise de ma présence ici, j’en conclus que c’est l’une des premières fois qu’elle vient ici, sinon ma présence n’aurait pas été une surprise pour elle. Bon…*

Zekel prit place en s’allongeant sur l’herbe comme il avait habitude de faire, le vent soufflé dans ses cheveux et le ciel était magnifique, il patienta 5 minutes, et l’individu n’avait pas l’air décidé de sortir de sa cachette. Zekel soupira.

« Hoy toi là-bas, je t’ai vu. »

Hariaëlle observa silencieusement le jeune homme alors qu'il passait près d'elle sans vraiment lui prêter attention. Et bien, soit. La jeune femme ne comptait pas insister en se dévoilant. Elle observa celui qui semblait être un guerrier pendant un instant, avant de simplement se rallonger, sans un mot de plus. Ses prunelles se reportèrent sur le ciel, mais une partie de son esprit demeurait occupée par l'inconnu. Que venait-il donc faire dans ce coin reculé ? Elle aurait pu croire à un entraînement quelconque, loin des civils, mais cela ne semblait guère être le cas. Il s'était étendu dans l'herbe, immobile.

« Hoy toi là-bas, je t’ai vu. »

Un léger sursaut échappa à la petite, qui se redressa à nouveau. Elle regarda un moment le jeune homme, sa chevelure venant frôler le sol, avant d'avoir un petit sourire. Elle se releva lentement, de sorte à s'asseoir sur ses talons. Elle épousseta ensuite rapidement ses vêtements à l'aide de gestes rapides, en délogeant les brins d'herbes et autres insectes pouvant s'y être collées.

« Pardon, je ne voulais pas vous déranger. »

Son attention fut brièvement détournée alors qu'elle plongeait dans ses pensées. Elle avait des questions. Pourtant, la politesse lui interdisait d'assaillir un inconnu tel que lui de la sorte, sans même se présenter. De même, son jeune âge physique pourrait être un obstacle dans sa recherche de réponse. La petite passa une main délicate dans sa chevelure, avant de reporter son attention sur le jeune homme.

« Je suis Hariaëlle. Et vous ? »

Consciente que fixer ainsi quelqu'un pouvait sembler impoli, la demoiselle détourna les yeux. Elle entreprit ensuite de cueillir quelques fleurs près d'elle, histoire de prendre des échantillons. Elle pourrait ainsi les étudier, plus tard.

Bon, il faudrait peut-être que je me présente après tout, c’est moi qui ai lancé cette discussion. Le fait de s’être excusé avant les présentations, n’était qu’un signe de timidité ou de politesse, qui sait.

Elle se remit en condition avant d’adresser la parole au jeune homme étendu sur le sol.

« Je suis Hariaëlle. Et vous ? »

Il jeta un petit coup d’œil sur la demoiselle, puis repositionna son regard dans les profondeurs du ciel.

« Un homme qui rêvasse… »

Conscient que ce n’était pas très poli, en général Zekel n’était pas très sociable, mais cette gamine n’avait rien demandé, donc pourquoi être aussi froid avec elle, sachant que sa présence ici n’était peut-être même pas volontaire, si elle s’était perdue, en tant que Membre du Conseil et en connaissance de cause des derniers évènements, il était primordial de la raccompagner à la Ville.

L’homme ferma les yeux et poussa un soupir, puis se leva doucement, passa un coup dans sa grande chevelure afin d’y faire tomber les petits brins d’herbe qui s’étaient accroché. Les mains dans les poches de son manteau, il s’avança en direction de la petite fille. Marchant lentement comme à son habitude, Zekel n’était pas un homme pressé, du moins lors de ses repos. En parcourant le chemin qui les séparé, il la regardé d’un air plutôt sérieux, sans même dévier son regard. S’arrêta devant elle, il sortit sa main droite de sa poche et pencha la tête légèrement sur la droite.

Il lui tendit la main pour l’aider à se mettre debout.

*Une petite fille seule dans cet endroit, ce serait-elle perdue ? La ville est plutôt loin pour de petite jambe comme les siennes… Bon, il faudrait peut-être que je me présente après tout, c’est moi qui ai lancé cette discussion.*

« Zekel, tout l’honneur est pour moi »

Un homme qui rêvasse. Cette réponse lui plut et lui arracha un petit sourire. Elle ne releva pas la certaine impolitesse de cette réponse. Le rêveur reporta rapidement son attention sur le ciel, et la jeune femme s'étira légèrement, reprenant son silence. Un silence s'installa quelques instants, puis l'illustre inconnu se leva, passant une main dans sa chevelure rougeoyante. La petite le regarda avec curiosité, par en-dessus, tête légèrement inclinée, telle une enfant curieuse. Ses prunelles avaient la même teinte que les siennes. Amusant.

La demoiselle aux allures d'adolescentes ne détourna pas le regard alors que l'homme la fixait en avançant dans sa direction. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il lui tendit gentiment la main. Il était donc temps de se lever. La petite eut un sourire, le remerciant d'un signe de tête avant de prendre doucement la main et de se relever agilement. Tout comme lui précédemment, elle secoua ses vêtements et passa une main dans sa chevelure de neige. Pendant ce temps, il se présenta.

Zekel. Le nom résonna avec force dans son esprit, sonnant des cloches sur son passage. Hariaëlle fronça les sourcils. Elle était convaincue avoir déjà entendu ce nom quelque part. Sa bouille concentrée trahissait son doute. C'était même durant ses recherches concernant les Élysiens, elle en était convaincue.

« J'ai déjà entendu ce nom quelque part... »

Un simple murmure, visant à expliquer ce petit silence. La jeune femme finit par secouer la tête, avant d'adresser un sourire d'excuse à ce fameux Zekel.

« Enfin. Vous venez de la capitale ? »

Son regard s'alluma à cette simple question, et des centaines de questions vinrent frapper le mur de ses lèvres. Elle mourrait d'envie de toutes les lui posées. Néanmoins, les règles de la politesse la forçaient à y aller doucement, pour ne pas l'ennuyer. Il était de toute façon probable qu'il vienne de l'un des villages environnants, tout comme elle.

Les petits sourires involontaires de la fille à la chevelure neige ne pouvaient qu’être amusant, une petite fille quoi de plus innocent. Lui avoir dit mon nom n’était peut-être pas la meilleure chose.

« J'ai déjà entendu ce nom quelque part... »

Comme la plupart des Elyséen mon nom était synonyme de guerre, Membre du Conseil des Six, je suis le Gardien de la Guerre, drôle de titre, je vous l’accorde.

Elle adressa un sourire à l’homme qui se tenait debout avant d’entreprendre la suite de cette conversation.

« Enfin. Vous venez de la capitale ? »

L’air occupé de la jeune demoiselle laissa croire que son esprit était en pleine réflexion.

*Cette habitude de venir ici pour demander conseil à Belisama, cette fois-ci je n’ai eu guère de conseils, mais plutôt la rencontre de cette petite fille, serait-il là un présent du ciel ? Je vous le demande Belisama.*

Zekel commença a marché dans le plus grand des calmes en direction de la ville, les mains dans les poches comme à sa grande habitude.

« Si on part maintenant, nous serons arrivé pour la fin d’après-midi »

D’un façon ou d’une autre cette phrase répondait à la question que Hariaëlle venait de poser, le fait qu’elle ne connaissait pas Zekel, plutôt du moins sa fonction, signifié qu’elle n’était pas de la Ville.

L’air de rien Zekel regarda sur le côté sans pour autant dévier la tête, s’assurer que la petite fille la suivait, il n’était pas envisageable pour lui de la laisser en plein milieu des plaines Elyseenes.

Zekel confirma à demi-mots les soupçons d'Hariaëlle : il venait bel et bien de la capitale, et était même prêt à la guider jusqu'à la ville. Les prunelles brillèrent encore davantage, et la petite jeta un coup d'œil en direction du village. La chambre était payée, et le peu de bagages qu'elle avait - principalement des outils d'études - étaient dans son sac, à ses côtés. Elle était donc libre de suivre le probablement-pas-si-jeune homme où elle voulait. Bonne nouvelle.

La demoiselle emboîta donc le pas à l'Élyséen, amusée par son regard. Il s'assurait qu'elle ne se volatilisait pas ? Une grande marche les attendait, il valait mieux éviter qu'il s'inquiète constamment de la sorte.

« Je ne suis plus une enfant, vous savez.... Je ne me perdrai pas. »

Malgré ses traits d'adolescente entre quatorze et quinze ans, gros maximum, la jeune femme en avait bel et bien vingt. Cela demeurait excessivement jeune, surtout pour une Élysienne, mais quand même un peu moins. Et puis, elle avait vécue, ce n'était pas comme si elle était demeurée au même endroit toute sa vie, protégée par une bulle parentale.

Ses prunelles dorée vinrent examiner avec attention le visage de son interlocuteur. Il semblait perdu dans ses pensées. Ça lui était arrivé au moins deux fois, en quelques minutes à peine, un peu comme s'il se parlait intérieurement.

« Tout va bien ? Vous semblez perdu dans votre esprit. »

Sa tête s'inclina légèrement. Il ne semblait pas triste, simplement pensif. Et cela l'intriguait. Un jour, cette curiosité maladive la tuerait, elle en était convaincue. Pourtant, elle ne s'arrêtait pas pour autant.

La petite fille, Hariaëlle de son nom suivait mes pas, elle fit remarquer qu’il était inutile de s’inquiéter, car elle avait dit elle-même ne plus être une enfant. Son visage était plutôt jeune et de petite taille, toute son apparence physique vous fait penser le contraire, mais bon, ce n’est pas à Zekel de contredire les dires d’une demoiselle.

« Tout va bien ? Vous semblez perdu dans votre esprit. »

Lorsque la question arriva aux oreilles de Zekel, un sourire apparu sur le coin de sa bouche, elle aurait donc remarqué qu’il avait pour habitude de se poser lui-même des questions. Oui Zekel était quelqu’un de très intelligent et très observateur, mais il n’était pas le genre d’Élyséen à faire de grands discours devant des groupes ou des assemblées, il parle très peu et de sa voix plus grave il est disons désinvolte dans ses paroles.
Afin de ne pas laisser s’installer un froid entre les deux individus, il prit place pour répondre à la question.

« J’ai du mal à me souvenir du Chemin, ne voudrais-tu pas me guider, si tu es d’accord. »

Bien que totalement faux, il savait que laisser l’occasion à Hariaëlle de le guider, l’excuserai en quelque sorte au fait qu’il l’ait pris pour une enfant. Celle-ci sera surement heureuse de pouvoir montrer son savoir.
Zekel perplexe en regardant le visage de la petite savait que cette réponse n’allait pas lui suffire.

« Je cherche mon chemin dans les flammes. »

Encore une phrase qu’il était surement le seul à comprendre, l’enfant doté du Don du Feu, Zekel, aimait les métaphores, tout simplement, il cherche les réponses à l’intérieur de lui-même. Il savait qu’elle ne comprendrait peut-être pas, et le fait de continuer le voyage avec elle l’amuse, c’était une personne innocente, Zekel ne ressente aucune méchanceté en elle.

*Des bagages, mais seule, une aventurière peut-être ?*

« A quoi t’occupes-tu petite créature ?»

Un petit rire sec sorti de sa bouche, avant de déposer son regarde sur la bouille d’Hariaëlle en attendant sa réponse.

Un sourire apparut au coin des lèvres du jeune homme. Hariaëlle l'aimait bien, elle devait l'avouer. Elle avait rarement rencontré quelqu'un de semblable, terriblement silencieux et pourtant... Il ne la mettait aucunement mal-à-l'aise. Peut-être était-ce la certaine mélancolie dans ses yeux qui le rendait si... attachant ? Elle avait du mal à le définir. Il lui suggéra soudainement de le guider vers la capitale. Ouch. L'hésitation passa brièvement sur le visage de l'Élysienne, qui dut s'arrêter un instant pour réfléchir.

Le volcan était droit devant, aussi pouvait-elle présumer qu'il fallait aller dans cette direction. De là à en trouver l'entrée... La jeune femme se gratta un peu l'arrière du crâne, mais prit tout de même les devants. Avec un peu de chance, il retrouverait son chemin avant leur arrivée. Il lui affirma soudainement chercher un chemin dans les flammes. Encore une métaphore. Un nouveau sourire.

« Vous avez l'âme d'un poète. »

Un coin de son esprit était toujours occupé à chercher l'endroit où elle avait entendu ce nom si singulier. Il s'agissait probablement de l'un des haut-gradés. De là à savoir lequel... Au final, cela n'avait que très peu d'importance, pas vrai ? La jeune femme se tourna dans sa direction lorsqu'il lui posa une nouvelle question, avançant simplement à reculons.

« Oh ! Je suis exploratrice, plus ou moins depuis ma naissance. Mes parents étaient nomades, du coup ils me trimballaient un peu partout. »

Le rire du jeune homme arracha un nouveau sourire à la blanche, qui décida de lui renvoyer la question.

« Et vous, que faites vous dans la vie ? »

Inutile de s'étaler et de lui dire qu'elle se doutait qu'il avait un haut grade. Elle ne voulait pas le forcer à parler de quelque chose dont il n'avait peut-être pas envie. Ce n'était pas nécessaire.

Hariaëlle était donc une exploratrice, pas loin des suggestions que Zekel s’était faite, mais cela était quand même assez étonnant, qu’une fille comme elle explore le monde, ce même monde qui avait lui-même enlever Belisama des bras de l’homme qui se tenait là. Elle parlait cependant de ses parents, sans que ceux-ci soit présent actuellement, étaient-ils… Bref, l’heure n’était pas à penser aux morts, encore moins supposer que cette fille serait seule, abandonné au destin de l’exploration et ses dangers. Elle avançait à reculons, ce qui signifier qu’elle était face à Zekel, lui qui baissa les yeux sur elle à sa deuxième question. Bref, l’heure n’était pas à penser aux morts, encore moins supposer que cette fille serait seule, abandonné au destin de l’exploration et ses dangers.

*Mon métier n’était pas des plus beaux, surtout pour une enf … grande fille*

C’est sûr que le fait d’être Gardien de la Guerre n’était pas très joyeux, l’homme qui dirige les guerres et les stratégies militaires, mais c’était la promesse qu’il avait faite, reprendre le flambeau et l’honorer pour Belisama, cette femme qui lui avait tout apporté. Il était quand même le membre du conseil le plus ancien. Mais voilà Zekel reste un homme mystérieux et pour lui trouver une manière de faire comprendre son travail était nécessaire.

« Je suis membre d’un groupe, dans lequel de grosses décisions sont prises »

Pour lui, aucun intérêt de se vanter d’être membre du Conseil des Six, même si la plupart des Élyséens respecte ce rassemblement, il n’est pas du même avis pour tout le monde et ce n’est pas le moment de se faire des ennemis. Avant tout ramener Hariaëlle à la capitale, elle pourrait alors être en sécurité, la nuit tomber dans quelques heures.

« Haria, connais-tu la ville ? »

L’appeler par son diminutif était assez osé, mais Zekel est ce genre d’homme, à agir comme il le souhaite. Mais la ville était de plus en plus proche et Zekel voulait s’assurer que la fillette ne soit pas perdu aux portes de la Capitale.

Hariaëlle devina rapidement, au vu de la lueur d'hésitation qui passa dans le regard de l'homme, qu'il avait comprit. Elle avait parlé de ses parents au passé, et ils n'étaient pas à ses côtés. Elle lui fut néanmoins reconnaissante de ne pas s'attarder sur la question. La demoiselle avait fait son deuil, certes, mais leur mort ne datait pas de suffisamment longtemps pour ne plus être un souvenir douloureux. Un an à peine, pour être précise. Il baissa les yeux vers elle. Il fallait dire que, du haut de son mètre soixante, il était commun de croiser des gens plus grands qu'elle. Face à sa réponse, la petite cligna les paupière. Encore une réponse énigmatique, mais cette fois elle avait comprit.

« Le Conseil de Six... »

Un simple souffle. Puis, comme il l'avait fait plus tôt, elle choisit de ne pas s'attarder sur son rôle. Elle se souvenait, maintenant. Zekel, le gardien de la guerre. Pas étonnant qu'il ne souhaitasse pas s'étendre sur la question. Cela devait être un rôle ingrat, d'autant plus qu'elle avait entendu dire que l'homme était le plus vieux d'entre eux. La jeune femme se contenta donc de garder un silence respectueux. Ses prunelles se reportèrent vers le volcan. Un passage obligatoire, malgré ses réticences. À la mort de ses parents, les ailes de l'Élysienne s'étaient manifestées. Il lui fallait désormais aller voir le forgeron de la capitale, pour qu'il l'aide avec l'armure nécessaire. Zekel était au final le coup de pouce qu'il lui fallait. Comme s'il sentait son hésitation, il lui demanda soudainement si elle connaissait la ville.

La question lui arracha un sursaut, et le surnom un frémissement. Seuls ses parents l'avaient vraiment appelée ainsi. Il valait mieux ne pas trop y songer. Elle ne le prenait pas mal.

« Je n'y ai jamais mis les pieds. »

Un aveu dit du bout des lèvres, comme une honte. Il était rare de croiser des Élysiens n'ayant jamais connu Eden. Peut-être serait-ce plus commun dans les générations futures.

« Je dois pourtant y aller... J'ai besoin de voir le forgeron. »

La blanche repris sa position initiale, revenant aux côtés de Zekel pour éviter de confronter son regard, cette fois. Une telle phrase était lourde de sens. Pour une arme, n'importe quel forgeron pouvait faire l'affaire. Il ferait les liens seul, elle en était convaincue.

« Ce serait abusé de vous en demander le chemin ? »

Elle n'aurait peut-être pas le temps d'aller le voir ce soir, mais au moins ne se perdrait-elle pas dans le dédale de rues, le matin venu.

Aux yeux grands ouverts de la petite fille, on pouvait comprendre qu’elle deviner que ce groupe était, le Conseil des Six. Peut-être maintenant avait-elle remis les noms sur les titres. Zekel, Gardien de la Guerre, un triste de rôle, mais des plus important, sans cette force le peuple pourrait être envahi par ses barbares de Nordique.

La jeune au cheveu de neige affirma qu’elle n’avait jamais mis les pieds à la ville, une première pour elle, cela voulait dire qu’il ne la laisserait pas toute seule à la découverte d’une si grande ville telle qu'Eden. Zekel avait du temps devant lui, le prochain Conseil n’était que dans quelques jours et il n’avait rien de prévu ce soir, lui qui avait l’habitude de passer ses nuits sur le pont à regarder les étoiles, lui changeait la routine en passant le reste de la journée avec la petite Haria ne pouvait pas lui faire de mal.

« Je dois pourtant y aller... J'ai besoin de voir le forgeron. »

Elle venait de préciser ‘Le’ forgeron, le fait d’utiliser ce déterminant voulait d’abord dire qu’il s’agissait d’un forgeron unique, étant Elyséenne il n’y a qu’un forgeron envisageable, ça voulait donc dire que ses ailes… se serait manifester ? Zekel lui n’aimait pas ses ailes, le fait de ne pas pouvoir passer inaperçu lors d’un grand danger, pouvait faire éclater une guerre. Puis des ailes, il trouvait que ça n’allait pas avec son style. Il fallait voir le bon côté des choses, l’armure magique était quand même très pratique et bien évidemment a déjà sauvé la vie de plusieurs centaines D’Élyséen.

« Toi aussi, tu les as donc eues . »

Zekel parlait bien évidemment des ailes, c’est alors que la mort vous effleure qu’elles éclosent dans votre dos telle la lumière divin, ainsi, vous vous voyez protégé par votre armure magique, chaque Elyséen avait une armure unique.

« Si tu veux. »

Le ventre de Zekel gargouilla, heureusement au loin, on pouvait apercevoir les portes, nous n'étions pas loin plus que quelques minutes avant de se remplir la panse. Zekel hésitait encore ou pouvait-il aller manger et inspira un grand bol d’air frais avant d’expulser tout l'air.

« J’ai une faim de Lion. »

« Toi aussi, tu les as donc eues . »

Hariaëlle opina simplement, en silence. Il était rare de les avoir si jeune, mais il était aussi rare de croiser une Élysienne nomade n'ayant jamais mis les pieds à Eden. Donc bon. Côté phénomène... La petite lui jeta à peine un oeil. Il était assez comique de constater qu'ils semblaient tous deux faire connaissance sans jamais rien approfondir. Ce n'était pas désagréable. Zekel finit par lui dire qu'il la guiderait, et elle se contenta de le remercier d'un énième sourire.

Le ventre du gardien de la guerre se mit soudain à gronder avec férocité, arrachant un sursaut à la demoiselle. Sa justification lui arracha un léger rire. Elle pouvait s'en douter. La petite n'avait pas l'habitude de montrer si ouvertement ses émotions. En règle générale, elle gardait tout pour elle, ne montrant qu'une couverture, par méfiance. Cette fois, elle était détendue. Ça lui faisait du bien.

Ses prunelles se fixèrent sur les grandes portes de la cité, et elle cligna des yeux. Jamais auparavant la blanche n'avait vu d'entrées aussi gigantesques. Cela laissait présager l'immensité de la ville qu'elles pouvaient cacher. Hariaëlle décida de garder sa nervosité pour elle, cette fois, ne montrant que sa bouille d'adolescente excitée. Il ne servait à rien d'inquiéter un peu plus son guide.

« Allons manger, dans ce cas. »

Après quelques minutes de marches, les deux compagnons passèrent les portes sans problème. Les gardes ne firent aucun chichi. La jeune femme fut alors assaillit d'images époustouflantes. Elle n'avait jamais rien vu de tel. La demoiselle avait toujours visité des villages, jamais de grandes villes. Instinctivement, elle se rapprocha du jeune homme à ses côtés, comme si elle craignait de se perdre.

« C'est gigantesque... »

Son attention ne parvenait pas à se concentrer sur un élément en particulier, et il en résultait une impression de submersion totale. Son esprit était déjà perdu. Pourtant, quelques effluves alléchantes parvinrent à ses narines, et Hariaëlle tourna la tête en direction de sa provenance. Une auberge. La dernière fois qu'elle avait mis les pieds dans un lieu pareil, ça c'était mal terminé. Mais pourquoi pas.

« Ça sent bon, là-bas... Ça vous dit ? »

Son propre ventre commençait à gronder, comme en réponse à celui du jeune homme.

Zekel ne pouvait pas s’empêcher la joie gravée sur le visage d’Hariaëlle, cette joie que l’on ne peut retenir, le genre de joie que Zekel n’a plus côtoyé depuis plusieurs dizaines d’années. Le retour à la ville se faisait attendre puisque le ventre de l'homme se faisant entendre, les odeurs qui flottaient doucement dans l’air ne pouvaient que faire saliver toute personne ayant un minimum de gourmandise. Eden était une grande ville et les Elyseens avaient le goût de la cuisine.

« Ça sent bon, là-bas... Ça vous dit ? »

Le ventre de la petite se mit à gronder aussi, comme quoi il n’était pas le seul à crier famine, ça le rassurer et le fit rire intérieurement. Hariaëlle désignait une auberge par son regard, Zekel n’avait pas vraiment d’idée précise à l’endroit voulu, n’exigeant pas la meilleure des nourritures, il restait quelqu’un de simple et n’avait pas vraiment des goûts de luxe. Si ça pouvait lui faire plaisir, pourquoi pas et c’est vrai que l’odeur du grillé était plutôt alléchante, rien qu’au contact nasal Zekel avait les papilles gustatives qui frémissaient. Les deux avancèrent donc en direction de la Taverne afin de s’y remplir le ventre, l’ambiance avait l’air bonne et l’on pouvait entendre une musique douce, surement joué par un groupe de musicien Élyséens.

« Bien je te fais confiance .»

La présence de Hariaëlle était bénéfique, Zekel se sentait paisible et ça pouvait lui changer de toutes l’air pesant qu’il respirait chaque jour avec ses missions. Les yeux de la petite brillaient d’admiration devant l’immensité de la ville, voir quelqu’un heureux lui réchauffer le cœur, même les flammes qui l’abritent en lui ne peuvent pas lui apporter cette chaleur. Une idée lui traversa la tête, il se sentait bien avec cette petite, de quoi lui faire oublier les problèmes du moment. Ils entrèrent dans la taverne, elle ni surpeuplé, ni vide, de quoi passer un agréable repas où les deux pourraient discuter sans trop de vacarmes.

Les deux prirent place à une table éloignée du comptoir, Zekel d’un mouvement simple des doigts, fit comprendre aux serveurs qu’ils étaient prêts à passer commande. Le serveur pas mal occupé dit qu’il viendrait aussi vite que possible, les choix étaient assez varié pour une auberge de ce style. L’air pensif Zekel regardait les bougies qui illuminé le peu de sombres dont disposé cette taverne, avant de tourner la tête ainsi que son regard vers Hariaëlle, pour la première fois de tout le chemin, il sortit la main de sa poche, avant de venir poser le creux de sa main sur le crâne de la petite de cheveux d’ange, avant de l’ébouriffer un petit peu. Fermant les yeux,

« Si tu n’es pas fatiguée, je veux bien partager le plus beau des endroits de cette ville »

Zekel avait pour habitude de regarder les étoiles aux plus beaux endroits de la ville, on pouvait dire qu’il collectionnait les paysages.

Les deux jeunes gens se rendirent donc à l'auberge aux odeurs alléchantes. Hariaëlle, pour la première fois depuis longtemps, se sentait un peu comme ce qu'elle était réellement : une gamine. Parce qu'aux yeux des Élysiens, qui avaient une espérance de vie de trois cents ans, une demoiselle de vingt ans n'était rien de plus que cela : une enfant. Peu importait si elle était majeure aux yeux des autres races. Cette impression était probablement confirmée par l'incapacité de la petite, dans l'instant présent, à contrôler son admiration et son excitation. L'adrénaline coulait dans ses veines en quantité importante.

Lorsqu'ils entrèrent dans le bâtiment, Hariaëlle fut soulagée. Cette auberge n'avait absolument rien de comparable à sa mauvaise expérience de la dernière fois. Cette fois, l'endroit était éclairée, sentait bon et était juste assez peuplé : une petite musique attrayante résonnait et, surtout, aucun liquide louche ne couvrait le sol. La jeune femme eut un léger sourire et s'installa avec Zekel à une table, observant le menu avec intérêt. Il y avait de tout, franchement. La petite finit par prendre un plat au hasard, avant de voir son attention détournée par un mouvement. Elle tourna la tête vers le jeune homme juste à temps pour voir la main de celui-ci se poser sur son crâne et lui ébouriffer les cheveux. Elle rentra instinctivement la tête dans les épaules, le rose lui montant aux joues.

Il lui parla soudainement de lui faire visiter l'un des plus beaux endroits de la ville. Comment refuser une offre pareille ? Le regard de la demoiselle s'illumina, et elle hocha lentement la tête, sourire aux lèvres.

« Je n'ai pas sommeil. »

Le tout avec un ton qui trahissait sa curiosité. De quoi pouvait-il être question ? Un lieu fermé, ou ouvert, déjà ? Elle n'eut pas le temps de tergiverser davantage. Les plats arrivaient déjà, leur délicat fumet arrachant un nouveau grondement à l'estomac de l'Élysienne. Elle saliva sans pouvoir se contrôler à la vue de la nourriture aux allures délicates. Pourtant, elle parvint à se contrôler avec charme, mangeant à une vitesse raisonnable.

« Délicieux ! »

Il fallait avouer que, aux yeux de la petite nomade, habituée à la nourriture sèche qui se transporte bien... La barre n'était pas bien haute. Généralement, le seul fait de manger un repas chaud était un luxe, un délice. Alors les plats de cette auberge... Son regard se balada avec lenteur sur la scène alors qu'elle mangeait.

« C'est plutôt surprenant de se dire qu'on est en plein coeur d'un volcan... »

L’auberge avait tout pour plaire, l’ambiance ainsi que les odeurs qui se baladaient dans la pièce ne faisaient qu’amener du bien-être à Zekel. Les prunelles de la jeune fille s’illuminèrent à la proposition que lui tenait l’homme à la chevelure rouge, un sourire lui échappa. Le serveur déposa les plats sur la table d’un bois respirant la nature, l’odeur était délicieuse et Zekel prit son temps afin de savourer chaque instant du plat qui venait de lui être servi. La viande était tendrement cuite et fondante en bouche et la sauce qui l’accompagné le faisait saliver.

« C'est plutôt surprenant de se dire qu'on est en plein cœur d'un volcan... »

C’est vrai, Eden était au cœur d’un volcan, mais le travail acharné du peuple Elyseen avait rendu un endroit si dangereux du monde, l’une des villes les plus prospères de ce monde, Eden avait vraiment tout pour plaire, une ville remplie de noble où il faisait bon-vivre. Certes, nous avions notre propre culture qui nous faisait défaut auprès des autres peuples, mais rien n’était plus vrai que le temps où l’on côtoyer les divinités. Zekel expliqua un peu l’histoire d’Eden même si la petite la connaissait sans doute, car après tout l’histoire concernée tous les Elyséens, encore plus les jeunes. Malgré les années passées, l’image de Belisama envahit l’esprit de Zekel, une personne chère qui l’avait perdu dû à cette catastrophe.

L’histoire racontée, la venue d’un mortel dans les cieux, nos précédents habitats, ce qui entraîna la chute de notre peuple sur terre, beaucoup de sacrifice afin de pouvoir construire Eden. Parmi ceux-ci, celui de Belisama. C’est pourquoi Zekel avait une certaine haine envers les mortels, bien que maintenant les Elyseens en faisait partie à ce jour, les vrais mortels. Son désir de protéger son peuple d'aujourd’hui était plus fort que tout et plus jamais il ne laisserait quelqu’un partit rejoindre Mortem, cette divinité de la mort. Le repas touché à sa fin, Hariaëlle avait affirmé de pas être fatigué, elle était donc partante pour suivre Zekel vers le pont près de la Cité du Souvenir, certes les derniers événements qui s’y étaient produit avaient augmenter la garde de cet endroit, mais heureusement le pont était éloigné du centre et Zekel pouvait y regarder le ciel dans le calme le plus complet.

« Si tu as fini de manger, je te laisse me suivre. »

Son assiette était vide, il se leva afin de payer l’addition à l’aubergiste qui les avaient chaleureusement accueilli, puis les mains dans les poches, marchait lentement vers la sortie de l’auberge, pour s’y arrêter devant attendant l’arrivé d’Hariaëlle.