Je m'étais levé tôt ce matin comme la plupart du temps pour faire mon devoir de Prêtresse. C'était un travail de tous les jours. Mais aujourd'hui il y avait un grand marché d'organisé dans le quartier portuaire. Une bonne partie du peuple y serait car les événements comme celui-ci avaient du succès, ils sortaient du lot et attiraient même divers marchands venus de loin. Pourtant c'était la norme pour cet endroit déjà dynamique jour comme nuit en temps normal. Moi, j'y allais pour me montrer au peuple. Pour aller à son contact et me montrer proche des gens. Leur Prêtresse Bleue ne devait pas être inaccessible. Je ne voulais pas faire l'effet d'une noble dans palais de princesse.

Pour m'accompagner, deux de mes fidèles initiées : Kiama et Lashiti. Les deux étaient vêtues de robes et de tissus orangés et rouges. Les couleurs du culte du dieu Sol. Elles lui avaient dédié leurs vie et elles portaient sa parole partout avec elles. Kiama était une de ces beautés à peau mate et au crâne rasé. Son visage était un plaisir à regarder pour certains hommes. Lashiti avait quant à elle une longue chevelure brune et bouclée, recouverte par sa capuche de couleur orange. Et puis il y avait avec nous, pour notre sécurité, un esclave que m'avait acheté mon père. Chose que j'avais refusé au départ parce que je ne voulais pas être de celles qui avaient des esclaves pour faire tout et n'importe quoi. Il m'avait fallu deux jours pour revenir sur ma décision et me dire que ce dernier serait sûrement mieux avec moi qu'avec un autre qui le maltraiterait. Aldor était maintenant avec moi depuis à peu près six mois et sa tâche principale était plus de veiller à ma sécurité que de s'occuper de tâches ingrates. Je préférais sa présence à celles des gardes arrogants qu'on pouvait me donner pour ma protection. Sans compter le fait que les gardes du Sultan et de l'armée amarienne n'étaient pas les miens, je ne leur faisais pas confiance et peut-être étaient-ils des espions.

Nous étions donc au nombre de quatre dans la foule que nous venions de pénétrer. Mes multiples tissus bleus turquoises agrémentés de orange faisaient qu'on me reconnaissait très vite par mon surnom. Aldor veillait sur nous et c'était sans compter Kiama et Lashiti qui se jetteraient certainement sur une lame à ma place pour me protéger. L'ambiance était très animée et la plupart des têtes se retournaient à notre passage. Je rendais parfois des sourires quand j'en avais envie. L'air matinal était déjà très lourd.

« Prêtresse ! Dieu m’envoie prendre votre place ! »

« Que dois-je faire de lui, dame Viti ? »

Spoiler:

On entendit des mots de menace de la part d'un inconnu dans la foule. Quelques instants plus tard mon esclave avait fait son travail et tenait immobilisé notre homme, demandant ce qu'il devait faire. Mes deux fidèles s'étaient tenues prêtes elles aussi. Elles avaient le regard dur envers cet homme qui avait tenté quelque chose de grave.

- Un moment Aldor.

Je me tournais vers la vingtaine de personnes qui regardaient la scène

- Quelqu'un a essayé de tué votre Prêtresse peuple amarien. Devons-nous le punir pour cela ? Qu'en disent les dieux ?

Je captais leur attention du mieux que je pouvais, ils avaient dû me reconnaître rien qu'à la couleur de mes vêtements. J'enlevai le tissu turquoise qui recouvrait mes cheveux tel une capuche pour laisser voir mon visage et mes cheveux tenus par un bandeau de la même couleur.

- Il a tenté quelque chose d'inexcusable et mon serviteur, Aldor, l'a stoppé. Vous êtes témoins de la scène ! Que demandent les dieux ?!

- Punissez-le !

On entendit une voix d'homme demander la punition parmi la vingtaine. Il avait lancé le mouvement et les autres le reprirent :

- Punition ! Punition ! ... Les dieux réclament la sentence !
- Brisez lui les os de la main ! proposa l'un
- Coupez-lui un doigt ! demanda un autre.

Mon visage était sévère. Que quelqu'un ait voulu s'en prendre à moi ne m'enchantait guère. D'un côté le peuple pouvait ne pas apprécier qu'on punisse un homme. Mais de ma position je ne pouvais pas laisser paraître l'image d'une femme faible que tout le monde peut agresser quand bon lui semble. Ma décision était prise. Je fermais les yeux une seconde avant de la prononcer avec une voix sûre.

- Rahir, notre dieu de la Vie et de la Mort a parlé. Il demande que cet homme soit privé de ses deux mains !

La vingtaine de personnes venait d'en attirer quelques autres qui rejoignirent les cris d'encouragement à la punition de l'homme. Je les laisser faire une dizaine de secondes après avoir prononcé la sentence. Enfin je me tournai vers Aldor et captai son regard. Je lui fis un signe de tête significatif pour qu'il s'occupe des mains de l'homme. Il avait le loisir de choisir comme s'y prendre.

Dés :